Don d’ovocytes en France : Tout savoir sur les opportunités, les risques et la législation

Photo de l'auteurrédigé par Zapppelphilippp15 janvier 2024
Don d'ovocytes

En France, l’infertilité représente un défi majeur pour de nombreux couples. Les personnes qui désirent avoir un enfant et ne parviennent pas à concevoir naturellement peuvent être amenées à s’intéresser au don d’ovocytes. Bien qu’il soit autorisé dans l’Hexagone, le don d’ovocytes est strictement encadré par la loi de bioéthique et le Code de la santé publique. Afin de vous offrir une vision globale des opportunités, risques et aspects légaux, cet article passe en revue les points essentiels du don d’ovocytes : définition, cadre juridique, questions émotionnelles et enjeux éthiques.

Qu’est-ce que le don d’ovocytes ?

Le don d’ovocytes consiste pour une femme (la donneuse) à céder ses ovocytes à une autre femme (la receveuse) qui, pour diverses raisons (absence d’ovocytes viables, faible réserve ovarienne, etc.), ne peut concevoir naturellement. Les ovocytes donnés sont alors fécondés en laboratoire par le sperme du conjoint de la receveuse ou d’un donneur, généralement via une fécondation in vitro (FIV) ou une injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI). Les embryons obtenus sont transférés dans l’utérus de la receveuse, qui mènera la grossesse à terme.

À noter que la donneuse apporte la composante génétique à l’embryon, tandis que la receveuse assure la gestation et l’accouchement. En droit français, la femme qui accouche de l’enfant est la mère légale. Cependant, depuis la révision de la loi de bioéthique en 2021 et l’entrée en vigueur de la loi de 2022, un enfant né d’un don d’ovocytes a, dès sa majorité, la possibilité de demander l’accès à l’identité de la donneuse, sous certaines conditions, puisque l’anonymat strict a été remis en question.

Cadre légal en France : pourquoi le don d’ovocytes est-il autorisé ?

En France, le don d’ovocytes est régi principalement par le Code de la santé publique et par les lois de bioéthique (notamment la loi n° 2021-1017 du 2 août 2021). Ces textes imposent un certain nombre de conditions : le don doit être volontaire, gratuit, encadré médicalement et, depuis 2022, partiellement non anonyme pour permettre à l’enfant d’accéder à l’identité de la donneuse une fois majeur (sauf refus antérieur explicitement formulé par la donneuse, dans le cadre prévu par la loi).

Extrait du Code de la santé publique :
« Le don de gamètes est gratuit et anonyme, sauf dispositions particulières relatives à l’accès aux origines. Il ne doit donner lieu à aucune rémunération, mais une indemnisation des frais et du temps consacré peut être prévue… »

Les établissements de santé ou centres de procréation médicalement assistée (PMA) qui ne respecteraient pas ces dispositions s’exposent à des sanctions. La receveuse et la donneuse, elles, agissent dans un cadre légal clair, pour peu que toutes les conditions médicales et administratives soient respectées.

Embryodonation en France : possibilités et limites

L’embryodonation, ou don d’embryons, constitue une autre option pour les couples dont le projet parental ne peut aboutir avec leurs propres gamètes. Les embryons peuvent provenir de traitements antérieurs de FIV menés par d’autres couples, qui décident de donner les embryons surnuméraires. Cette démarche, également possible en France, reste strictement encadrée par la loi de bioéthique.

Il n’est pas rare qu’au cours d’un cycle de FIV plusieurs embryons soient créés puis congelés (vitrification). Lorsque le couple d’origine ne souhaite plus les utiliser, il peut en faire don à un autre couple, ou à la recherche. Comme pour le don d’ovocytes, l’embryodonation en France se fait sous certaines conditions, et la filiation sera légalement établie au bénéfice de la femme qui porte et accouche de l’enfant.

Toutefois, l’embryodonation peut soulever des questions d’ordre éthique et pratique, notamment quant au devenir de ces embryons, à l’anonymat et à l’information de l’enfant issu de cette technique. Chaque centre PMA dispose de protocoles spécifiques, toujours en conformité avec la loi.

Don d’ovocytes : qui est la mère légale ?

En France, la mère légale de l’enfant est la femme qui accouche. Ainsi, la donneuse d’ovocytes n’a aucun droit ni obligation envers l’enfant né grâce à ce don. Cette règle est un principe fondamental du droit de la filiation française, bien que les lois de bioéthique récentes aient introduit la possibilité, pour l’enfant, d’avoir accès à l’identité de la donneuse à sa majorité.

Jusqu’à l’ordonnance de 2022 sur l’accès aux origines, le don de gamètes était entièrement anonyme. Désormais, le droit de l’enfant prime, à condition que la donneuse ait accepté la levée de l’anonymat. Cette évolution peut parfois brouiller les repères, surtout quand on compare les législations internationales, dont certaines autorisent encore un don totalement anonyme.

Gestation pour autrui et don d’ovocytes : qu’en est-il en France ?

Contrairement au don d’ovocytes, la gestation pour autrui (GPA) est prohibée en France. Toute convention de mère porteuse est considérée comme nulle, même si elle a été conclue à l’étranger. Les couples qui souhaitent y recourir doivent le faire dans des pays où la GPA est légalisée (par exemple, certains États américains, le Canada ou la Grèce).

Des avocats spécialisés en droit international de la famille peuvent accompagner ces démarches, qui demeurent complexes : reconnaissance de filiation, transcription de l’acte de naissance étranger, etc. Cependant, la position de la France reste ferme sur l’interdiction de la GPA sur son territoire.

Risques médicaux et défis

Le don d’ovocytes est une procédure délicate sur le plan médical. La donneuse suit un protocole de stimulation hormonale pour produire plusieurs ovocytes dans le même cycle. Ces traitements peuvent engendrer des effets secondaires : fluctuations de l’humeur, maux de tête, nausées, etc. Dans de rares cas, un syndrome d’hyperstimulation ovarienne (SHO) peut survenir et nécessiter une prise en charge plus lourde.

La ponction ovocytaire elle-même (follliculoponction) est un acte chirurgical léger, mais non dénué de risques : infections, hémorragies, lésions d’organes avoisinants. Les études à long terme sur les conséquences pour la santé des donneuses sont encore limitées, d’où l’importance d’un suivi médical rigoureux avant, pendant et après le don.

Risques pour la santé des donneuses

Pour la donneuse, le processus peut être éprouvant, à la fois physiquement et psychologiquement. La stimulation hormonale provoque parfois des variations d’humeur, une prise ou une perte de poids et divers inconforts. Bien que la ponction soit considérée comme une opération de routine, elle n’est pas exempte de complications potentielles (infection, hémorragie, etc.).

La question de la compensation financière se pose également. En France, le don d’ovocytes est gratuit et basé sur le volontariat. Cependant, la loi autorise le remboursement des frais engagés et une indemnisation forfaitaire pour compenser le préjudice moral et les contraintes liées au don. Certains craignent que l’indemnisation puisse influencer indûment les donneuses, en particulier celles en difficulté économique. Les centres et Agences régionales de santé veillent à respecter un barème éthique afin d’éviter toute dérive.

Considérations éthiques autour du don d’ovocytes

Le don d’ovocytes soulève d’importantes questions d’ordre éthique. Comment concilier l’anonymat (ou semi-anonymat) du don avec le droit de l’enfant à connaître ses origines ? Quelle est la responsabilité morale des cliniques, des donneuses et des receveuses vis-à-vis de l’enfant à naître ?

Par ailleurs, la commercialisation de la procréation demeure un sujet de débat. Si la loi française interdit toute forme de rémunération au-delà des indemnités liées aux frais engagés, la crainte d’une marchandisation existe, notamment quand on compare avec certains pays où la compensation financière est plus élevée. L’enjeu est donc de garantir l’altruisme réel du don et de protéger les femmes les plus vulnérables.

Don d’ovocytes à l’étranger : où est-ce autorisé ?

La France dispose d’un système de don d’ovocytes bien établi, mais certaines personnes peuvent se tourner vers d’autres pays en raison de critères précis : temps d’attente, préférence sur le profil des donneuses, ou encore réglementation sur l’anonymat. Voici quelques destinations notoires en matière de don d’ovocytes :

  • Espagne : Don anonyme, indemnités pour les donneuses, taux de réussite élevés et infrastructures médicales très avancées.
  • République tchèque : Don anonyme, coûts relativement bas et très prisée par les patientes internationales.
  • Grèce : Règles légales flexibles, bonne qualité de soins et anonymat des donneuses.
  • Ukraine : Tarifs modérés, législation libérale et niveau médical correct, attirant une clientèle internationale.
  • États-Unis : Système très développé, mais généralement non anonyme. Les donneuses reçoivent une compensation dont le montant varie selon l’État.
  • Portugal : Depuis 2018, les dons anonymes sont prohibés ; les enfants nés du don peuvent réclamer l’identité de la donneuse à leur majorité.
  • Bulgarie : Don anonyme autorisé, mais la donneuse ne peut avoir plus de cinq enfants au total (y compris les siens).
  • France : Depuis 2022, le don n’est plus totalement anonyme. L’enfant peut, à sa majorité, demander l’identité de la donneuse.
  • Israël : Autorise le don anonyme sous une réglementation stricte visant à protéger la santé et les droits des donneuses.
  • Hongrie : Seul un don intrafamilial est permis, excluant de fait le don anonyme.
  • Japon : Maintien de l’anonymat, droits restreints pour l’enfant souhaitant connaître ses origines.

Coûts et financement

En France, le don d’ovocytes se pratique principalement dans le secteur public ou des centres privés agréés. Les frais peuvent varier en fonction de la clinique, de la complexité du protocole et d’éventuels déplacements. La prise en charge par l’Assurance Maladie est possible sous certaines conditions (limite d’âge, nombre de tentatives, etc.). Toutefois, l’indemnisation de la donneuse reste encadrée pour couvrir uniquement ses frais et désagréments, sans constituer une rémunération.

L’avenir du don d’ovocytes : avancées technologiques et perspectives

Les progrès en génétique et en médecine reproductive promettent d’optimiser encore le don d’ovocytes. La médecine personnalisée, avec un suivi génétique approfondi et des protocoles adaptés à chaque patiente, peut améliorer les taux de succès et limiter les risques. Par ailleurs, la vitrification (congélation rapide) des ovocytes et des embryons poursuit son perfectionnement, augmentant les chances de réussite.

Parallèlement, des débats restent ouverts sur la levée partielle ou totale de l’anonymat, le droit de l’enfant à connaître ses origines et la protection des donneuses. L’Assemblée nationale a déjà légiféré sur plusieurs volets, et l’on peut s’attendre à de nouvelles réflexions à l’avenir.

Témoignages et perspectives personnelles

Les histoires vécues illustrent souvent la dimension émotionnelle qu’implique le don d’ovocytes. Voici deux témoignages anonymes :

« Après de multiples échecs, le don d’ovocytes nous a redonné espoir. Nous avons été bien conseillés et avons finalement pu réaliser notre rêve de devenir parents. Nous sommes aujourd’hui les heureux parents d’un enfant en bonne santé et nous mesurons pleinement la chance que ce don nous a offerte. »
« Je ne m’attendais pas à ce que la stimulation hormonale soit aussi exigeante. Malgré tout, je suis fière d’avoir pu aider une autre femme à avoir un enfant. Il est cependant essentiel de comprendre tous les risques et de bénéficier d’un accompagnement psychologique si besoin. »

Don de spermatozoïdes vs. don d’ovocytes

Une alternative fréquemment évoquée au don d’ovocytes est le don de spermatozoïdes, largement pratiqué en France. Il concerne surtout les couples dont l’infertilité a pour origine le partenaire masculin, ou les femmes célibataires ou en couple homosexuel souhaitant fonder une famille. Sur le plan légal et médical, le don de sperme est en général moins complexe que celui d’ovocytes, et l’offre de donneurs est plus large. Un exemple d’application facilitant la mise en relation pour un don de sperme est RattleStork.

RattleStork.org – application de don de sperme
Illustration : RattleStork.org – application dédiée au don de sperme

Conclusion

Le don d’ovocytes est un sujet complexe, qui met en jeu des considérations médicales, légales et éthiques. En France, il est autorisé et fait l’objet d’un cadre législatif précis, évoluant vers plus de transparence et de respect des droits de l’enfant. Cela dit, la démarche implique des coûts, parfois des déplacements et un impact émotionnel fort qu’il ne faut pas négliger.

Toute personne envisageant un tel parcours doit s’informer de manière approfondie, solliciter un accompagnement juridique si nécessaire et prendre en compte l’aspect psychologique, tant pour la donneuse que pour la receveuse.

Questions fréquemment posées (FAQ)