Le diagnostic génétique pré-implantatoire (DPI, ou PGT) permet d’analyser les embryons issus d’une fécondation in vitro avant leur transfert dans l’utérus. Pour les couples exposés à un risque élevé de maladie héréditaire grave ou à des fausses-couches à répétition, cette technique augmente nettement les chances de mener une grossesse à terme. En France, le DPI est autorisé depuis 1994 et encadré par la loi de bioéthique (dernière révision : août 2021) sous le contrôle de l’Agence de la biomédecine (ABM), garantissant des standards médicaux et éthiques stricts.
Glossaire express
- DPI / PGT – analyse génétique de cellules embryonnaires avant transfert
- PGT-M – dépistage de maladies monogéniques (ex. mucoviscidose, drépanocytose)
- PGT-A – dépistage d’anomalies du nombre de chromosomes (anéuploidies)
- niPGT-A – version non invasive analysant l’ADN libre dans le milieu de culture
Pour qui le DPI est-il recommandé ?
- Mutation pathogène documentée avec ≥ 25 % de risque de transmission
- Remaniement chromosomique significatif (translocation, inversion complexe)
- Au moins deux fausses-couches inexpliquées malgré un traitement de fertilité
- Âge maternel > 37 ans et souhait de réduire le risque d’avortement spontané via le PGT-A
Procédure en six étapes
- Stimulation ovarienne – 8 à 12 jours d’injections hormonales
- Prélèvement ovocytaire – ponction trans-vaginale sous sédation légère
- Fécondation in vitro (FIV ou ICSI)
- Culture et biopsie embryonnaire – jour 5, prélèvement de 5 à 10 cellules
En niPGT-A, l’ADN libre est analysé ; aucune biopsie n’est réalisée. - Analyse génétique par séquençage de nouvelle génération ; résultat sous 24-48 h
- Transfert ou vitrification des embryons chromosomiquement normaux
Tendances technologiques 2025
- niPGT-A – précision comparable sans stress de biopsie
- IA + time-lapse – algorithmes évaluant la cinétique cellulaire couplée au profil génétique
- eSET 2.0 – transfert électif d’un seul embryon + PGT-A, limitant les grossesses multiples
Cadre légal en France
- DPI autorisé par la loi de bioéthique et encadré par l’ABM
- Indication limitée aux maladies graves, aux aneuploidies ou aux échecs de grossesse répétés
- Sélection de sexe strictement médicale (maladies liées au chromosome X)
- Centres et laboratoires agréés par les Agences Régionales de Santé (ARS)
La liste des centres habilités est disponible sur le site de l’Agence de la biomédecine.
Coûts indicatifs en France 2025
- Cycle FIV de base – 4 000 € – 6 000 €
- Médicaments hormonaux – 1 000 € – 2 000 €
- Panel PGT-M ou PGT-A – 3 000 € – 5 000 € par cohorte
- Vitrification et stockage – environ 350 € par an
- Options
- Mise à niveau niPGT-A – 1 000 € – 1 500 €
- Suivi time-lapse – 400 € – 700 €
L’Assurance Maladie prend en charge jusqu’à quatre tentatives de FIV avant 43 ans ; lorsqu’un DPI est autorisé par l’ABM, il est également remboursé. Les cliniques privées peuvent facturer des dépassements que la mutuelle peut partiellement couvrir.
Taux de réussite et risques
Le rapport AMP 2024 de l’ABM indique un taux moyen de naissance vivante de 26 % par transfert embryonnaire, atteignant 39 % chez les femmes de moins de 35 ans. Un méta-analyse internationale (Revue PGT-A 2023) montre que le PGT-A réduit d’environ 25 % le risque de fausse-couche chez les patientes ≥ 38 ans.
- Faux positifs – jusqu’à 5 % d’embryons mosaïques mal classés
- Risque de biopsie – très faible si la technique de trophectoderme est maîtrisée
- Effets hormonaux – protocole moderne limitant le SHO à < 1 %
- Charge psychologique – l’attente des résultats peut être stressante ; un soutien spécialisé est conseillé
Conseils pratiques pour les couples français
- Demander des devis détaillés – les forfaits varient d’un centre à l’autre
- Vérifier la prise en charge Sécurité sociale / mutuelle avant de commencer
- Consulter un généticien agréé – il confirmera la pertinence du DPI
- Prévoir plusieurs cycles – deux tentatives ou plus sont fréquentes
- Se faire accompagner – psychologues spécialisés et groupes de patients peuvent aider
Comparaison internationale 2025
Espagne
- DPI encadré par la loi 14/2006 ; prise en charge publique partielle
- Dépense additionnelle : 2 500 € – 4 000 €
Allemagne
- DPI réservé aux risques génétiques élevés avec avis éthique strict
- Coût total : 9 000 € – 12 000 €
Suisse
- Légal depuis 2017 ; PGT-A inclus
- Coût : 2 000 CHF – 5 000 CHF
États-Unis
- Pas d’interdiction fédérale ; PGT-A est un add-on courant
- Supplément : 4 000 $ – 6 000 $
Tchéquie
- Âge limite femme : 48 ans
- PGT-A à partir de 1 800 € ; destination prisée de tourisme médical
Conclusion
Le diagnostic génétique pré-implantatoire offre aux couples français à risque une voie réaliste vers la naissance d’un enfant en bonne santé. Grâce aux avancées de séquençage et d’évaluation embryonnaire, l’année 2025 marque un sommet de précision, mais le parcours reste exigeant sur les plans médical, financier et émotionnel. Des coûts transparents, un conseil expert et des attentes réalistes sont indispensables pour décider sereinement.