Pour certaines personnes, la gestation pour autrui (GPA) semble être une ultime voie vers la parentalité. Au Canada, la GPA dite « altruiste » est permise dans un cadre fédéral qui interdit toute rémunération de la gestatrice et des intermédiaires, tout en autorisant le remboursement de dépenses réelles selon des règles précises. Ce guide explique les modèles de GPA, la loi canadienne et les différences provinciales, résume les risques médicaux et les coûts observés à l’international, décrit les points d’attention pour les parcours à l’étranger et présente des alternatives plus sûres centrées sur les droits de l’enfant, la traçabilité et la documentation.
Ce que recouvre la GPA
La GPA est un arrangement où une gestatrice porte une grossesse pour des parents d’intention et leur confie l’enfant après l’accouchement. Selon le modèle, la gestatrice peut être liée génétiquement à l’enfant (GPA traditionnelle) ou non (GPA gestationnelle). Compte tenu des enjeux médicaux, juridiques et éthiques, une information indépendante et des conseils juridiques distincts pour chaque partie sont essentiels.
Modèles : traditionnelle vs gestationnelle
GPA traditionnelle : la gestatrice fournit l’ovocyte et a donc un lien génétique avec l’enfant. La complexité juridique et émotionnelle est plus élevée.
GPA gestationnelle : l’embryon provient des gamètes des parents d’intention ou de donneur·euse·s ; la gestatrice n’a pas de lien génétique avec l’enfant. C’est le modèle le plus courant à l’international.
Cadre juridique au Canada
Au niveau fédéral, la Loi sur la procréation assistée (Assisted Human Reproduction Act, AHRA) interdit de payer une gestatrice ou de rémunérer un intermédiaire pour arranger ses services (s. 6), mais permet le remboursement de dépenses admissibles et d’une perte de revenu liée au travail, selon le Règlement sur le remboursement relatif à la procréation assistée (en vigueur depuis le 9 juin 2020) et en respectant les exigences de pièces justificatives (reçus, attestations) publiées par Santé Canada. Voir : AHRA – s. 6 : GPA et intermédiaires, SOR/2019-193 : remboursement, Santé Canada : interdictions liées à la GPA, Aperçu Santé Canada (2024).
En pratique, cela signifie : pas de paiement pour « services » ni d’honoraires d’agence ; seuls des frais réels documentés (déplacements, médicaments, services juridiques/counseling, garde d’enfants, etc.) et certaines pertes de revenus peuvent être remboursés, avec reçus et attestations conformes.
Québec, Ontario et différences provinciales
Québec. La loi québécoise a été réformée par le projet de loi n°12 (sanctionné le 6 juin 2023), qui encadre la GPA, renforce les droits des gestatrices et précise la filiation. Depuis 2024, une reconnaissance de filiation peut intervenir sur la base d’un acte notarié signé par la gestatrice et les parents d’intention, sous conditions (domicile, forme, délais). Informations officielles : GPA au Québec – Gouvernement du Québec. Texte cadre : Loi 2023, c.13 (PL12).
Ontario. L’All Families Are Equal Act (2016) a modernisé la filiation. Les contrats de GPA y sont non exécutoires mais servent de preuve d’intention ; un jugement de filiation peut être obtenu au besoin. Voir : SO 2016, c 23 et l’aperçu : Aperçu gouvernemental.
Autres provinces/territoires. Les règles de filiation, les exigences de consentement et les procédures judiciaires varient. Un avis juridique local est indispensable avant tout engagement.
Documents & retour après une naissance à l’étranger
Si une naissance a lieu à l’étranger, planifiez dès le départ : droit local, ordonnances pré/post-naissance, établissement de l’acte de naissance, passeport et documents de voyage de l’enfant, et modalités de reconnaissance de filiation au Canada (et dans la province de résidence). Sans base juridique solide, passeports et retour peuvent être retardés. Pour un guide procédural neutre (sans recommandation de destination) : GOV.UK : Surrogacy overseas.
Aspects médicaux & risques
La GPA repose généralement sur la FIV. Risques fréquents : effets hormonaux (dont syndrome d’hyperstimulation ovarienne), grossesses multiples (prématurité, prééclampsie), complications obstétricales et charge psychosociale pour la gestatrice et les parents d’intention. Un accompagnement médical et psychosocial indépendant et une politique de transfert embryonnaire prudente sont recommandés. Pour une information patient claire (en anglais) : HFEA – Surrogacy.
Fourchettes de coûts par pays
Les budgets varient grandement selon le pays, le modèle (altruiste = remboursement de frais vs commercial = compensation), le nombre de cycles de FIV, les procédures judiciaires, les assurances et les déplacements. À l’international, les coûts annoncés vont souvent du milieu de cinq chiffres au six chiffres (USD/EUR). Le tableau ci-dessous est indicatif et ne constitue pas une recommandation.
| Pays/région | Situation légale (bref) | Paiements usuels | Fourchette totale approx.* |
|---|---|---|---|
| Canada | Altruiste (fédéral) ; remboursements encadrés, pas de compensation | Frais réels documentés (reçus), pertes de revenus admissibles | milieu de cinq chiffres |
| Québec | Cadre réformé (2023) ; reconnaissance encadrée (acte notarié sous conditions) | Remboursements conformes AHRA/SOR | milieu de cinq chiffres |
| Ontario | Filiation modernisée ; contrats non exécutoires, preuve d’intention | Remboursements admissibles (fédéral) | milieu de cinq chiffres |
| États-Unis | Par État ; commercial souvent permis | Compensation + frais d’agence/clinique/juridique | haut cinq chiffres à six chiffres |
| Royaume-Uni | Altruiste ; Parental Order post-naissance | Remboursement de frais | milieu de cinq chiffres |
| Grèce | Autorisation judiciaire ; encadrée | Compensation permise | haut cinq chiffres |
| Géorgie | Règles en évolution | Compensation possible | milieu de cinq chiffres |
| Ukraine | Historiquement commerciale ; situation volatile | Compensation usuelle | haut quatre à milieu cinq chiffres |
| Mexique | Variable selon l’État | Compensation parfois | très variable |
| Afrique du Sud | Ordre judiciaire préalable | Altruiste ; frais documentés | milieu de cinq chiffres |
| Australie/Nouvelle-Zélande | Par État ; commercial interdit | Remboursement de frais | bas à milieu de cinq chiffres |
| France/Espagne/Italie/Portugal | Interdite ; reconnaissance complexe | — | — |
| Pays-Bas/Belgique/Danemark | Fortement restreinte | Frais lorsque permis | bas à milieu de cinq chiffres |
| Pologne/Tchéquie | Zones grises | Très cas par cas | très variable |
| Israël | Encadrée ; comité d’approbation | Compensation/frais | haut cinq chiffres |
*Valeurs indicatives ; dépendent du pays, des cycles, des assurances, des voies judiciaires et de la durée de séjour. Au Canada, les remboursements exigent une preuve (reçus/attestations) et ne doivent pas constituer un paiement déguisé (voir : interdictions Santé Canada et dépenses admissibles SOR/2019-193).
À l’étranger : modèles & tendances
Trois grands modèles dominent : interdiction, altruiste (remboursement de frais) et commercial (compensation). Quel que soit le pays, il faut vérifier : contrats et contrôles, standards cliniques, reconnaissance de la filiation, nationalité et documents de voyage de l’enfant. Guide procédural (en anglais) : The Surrogacy Pathway – GOV.UK et information patient : HFEA.
Autres voies pour fonder une famille
- Adoption/placement familial : parcours encadrés avec priorité à la protection de l’enfant et à l’accompagnement des familles.
- Don de sperme : souvent un cadre médical et juridique plus clair que la GPA ; au Canada, les dons et remboursements sont encadrés par l’AHRA et les règlements (sécurité des gamètes, consentement, traçabilité).
- Autres AMP au Canada ou à l’étranger : très dépendantes de la province/pays ; exiger une évaluation juridique et médicale rigoureuse avant toute décision.
Avis important & alternative RattleStork
RattleStork n’offre pas la GPA et n’est pas une plateforme d’intermédiation, d’organisation ou d’exécution de GPA. Nous nous en dissocions explicitement.
Comme alternative plus sûre, nous aidons les personnes au Canada à démarrer, de manière informée, un parcours via le don de sperme : profils vérifiés, guides pratiques et orientation vers des services de conseil reconnus — avec un accent constant sur la sécurité médicale, la documentation et les droits de l’enfant.

Conclusion
Au Canada, la GPA est possible sous un modèle altruiste strict : aucune rémunération, remboursements documentés seulement, et des règles de filiation qui varient selon la province (réformes récentes au Québec, cadre probatoire en Ontario). Les parcours à l’étranger sont hétérogènes et évolutifs ; sans plan juridique et clinique solide, la reconnaissance de la filiation, la citoyenneté et le retour peuvent se compliquer. Envisagez des voies à moindre risque — don de sperme, adoption/placement — et sollicitez dès le début des conseils médicaux et juridiques indépendants.

