Le spermogramme est le point de départ objectif lorsqu’une grossesse se fait attendre. L’évaluation standardisée vérifie si la concentration, la mobilité et la morphologie des spermatozoïdes sont suffisantes pour la fécondation. Voici une vue d’ensemble pratique : coûts réalistes, standard OMS actuel, étapes de préparation claires et actions étayées par les preuves pour améliorer la qualité du sperme.
Qu’est-ce qu’un spermogramme ?
Il s’agit d’un examen de laboratoire qui évalue la fertilité masculine. Paramètres usuels :
- Volume de l’éjaculat (ml)
- Concentration en spermatozoïdes (millions/ml) et nombre total par éjaculat
- Mobilité (totale et progressive)
- Morphologie (pourcentage de formes normales)
- Vitalité (spermatozoïdes vivants)
- pH et leucocytes comme indicateur d’inflammation
Les mesures suivent des protocoles internationalement reconnus et s’interprètent toujours dans le contexte clinique (histoire, évolution, examens associés).
Quand un spermogramme est-il indiqué ?
Un bilan est recommandé après 12 mois de rapports réguliers non protégés sans grossesse. En cas de facteurs de risque (varicocèle, cryptorchidie, après chimio-/radiothérapie), un test plus précoce est pertinent. Pour une démarche structurée, voir la recommandation EAU sur l’infertilité masculine.
- Infertilité primaire ou secondaire
- Anomalies hormonales ou troubles de la puberté
- Bilan pré/post-vasectomie
- Fausses couches à répétition
- Chirurgie ou radiothérapie pelvienne
Spermogramme – coût & prise en charge
En Canada, à titre indicatif : environ 50–100 par examen dans le privé. En présence d’une indication médicale et d’une prescription, l’Assurance Maladie et/ou la complémentaire peuvent prendre en charge selon les conditions en vigueur. Les centres de fertilité proposent souvent des forfaits incluant une répétition. Important : les résultats fluctuent ; prévois une répétition à ~ 6 semaines pour lisser la variabilité naturelle et l’erreur de mesure.
Spermogramme : déroulé & préparation
Préparation
- 3–5 jours d’abstinence (pour la comparabilité)
- Éviter fièvre et infections aiguës ; pas de longues séances de sauna
- Limiter alcool et nicotine ; sommeil suffisant et gestion du stress
Recueil de l’échantillon
- Se laver les mains et le pénis à l’eau et au savon
- Pas de lubrifiant ni de préservatif avec additifs
- Recueillir la totalité de l’éjaculat dans un récipient stérile
- En cas de recueil à domicile, maintenir à température corporelle (~ 37 °C) et déposer au labo sous 60 minutes
Au laboratoire, des mesures standardisées (microscopiques/numériques) sont réalisées selon le manuel de l’OMS.
Valeurs de référence OMS (6e édition, 2021)
La référence OMS indique notamment :
- Volume : ≥ 1,5 ml
- Concentration : ≥ 15 millions/ml
- Nombre total : ≥ 39 millions par éjaculat
- Mobilité totale : ≥ 40 %
- Mobilité progressive : ≥ 32 %
- Morphologie (formes normales) : ≥ 4 %
- Vitalité : ≥ 58 %
- pH : ≥ 7,2
Des valeurs sous ces seuils n’égalent pas d’emblée une stérilité, mais justifient une interprétation médicale et un suivi.
Qualité du laboratoire : les bons indicateurs
- Accréditation (p. ex. DIN EN ISO 15189)
- Contrôles externes réguliers/essais d’aptitude
- Protocoles OMS stricts, procédures écrites (SOP)
- Double lecture ou seconde évaluation tracée
Ressources utiles et fiables : informations patients du NHS et du régulateur britannique HFEA ; recommandations fondées sur les preuves : NICE CG156.
Délais & remise du compte rendu
L’analyse prend généralement 60–120 minutes. Un compte rendu écrit est souvent disponible en 2–4 jours ouvrés, via un portail sécurisé, puis discuté avec le clinicien.
Interprétation : que signifient les écarts ?
- Oligozoospermie — concentration insuffisante
- Asthénozoospermie — mobilité réduite
- Tératozoospermie — morphologie anormale
- Cryptozoospermie — concentration extrêmement basse
- Azoospermie — absence de spermatozoïdes détectés
Pour tenir compte des variations naturelles, une répétition à ~ 6 semaines est habituellement conseillée — même préparation et conditions.
Causes fréquentes
- Troubles hormonaux (testostérone, FSH, LH, prolactine)
- Génétique (p. ex. syndrome de Klinefelter, microdélétions du Y)
- Infections/inflammations (p. ex. chlamydia, orchite ourlienne)
- Mode de vie (tabac, alcool, obésité, stress chronique)
- Chaleur/environnement (vêtements serrés, sauna, pesticides, plastifiants, microplastiques)
- Facteurs transitoires : fièvre, certains médicaments
L’évaluation structurée inclut anamnèse, examen clinique, dosages hormonaux et, si besoin, génétique — voir EAU Male Infertility.
Conseils pratiques : améliorer la qualité spermatique
- Arrêt du tabac et réduction de l’alcool
- Normaliser le poids (une perte de 5–10 % peut déjà aider)
- Activité physique régulière et modérée ; éviter la surchauffe
- Gestion du stress (respiration, hygiène du sommeil, charge réaliste)
- Alimentation riche en fruits/légumes, oméga-3 et zinc ; limiter les aliments ultratransformés
- Compléments avec discernement (p. ex. CoQ10, L-carnitine) après avis médical
Horizon réaliste : les améliorations nécessitent souvent au moins 3 mois — durée d’un cycle de spermatogenèse.
Ressources pédagogiques : parcours de traitement NHS ; recommandations fondées sur les preuves : NICE CG156.
Comparaison & alternatives
| Option | Objectif | Indiquée si | À savoir |
|---|---|---|---|
| Répéter le spermogramme | Réduit fluctuation et erreur de mesure | Résultats limites ou discordants | Intervalle ~ 6 semaines, préparation identique |
| Bilan hormonal & génétique | Recherche de cause | Azoospermie, anomalies marquées | Caryotype, délétion du Y, FSH/LH/testostérone |
| IIU (insémination intra-utérine) | Sperme préparé déposé dans l’utérus | Baisse légère de mobilité/concentration | Peu invasif ; taux de succès variables |
| FIV/ICSI | Fécondation en laboratoire ; ICSI injecte un spermatozoïde | Qualité spermatique nettement diminuée | Information éclairée essentielle ; voir HFEA et NICE |
| TESE/MESA | Prélèvement chirurgical de spermatozoïdes | Azoospermie (obstructive/non obstructive) | Décision multidisciplinaire |
| Préservation de la fertilité | Cryoconservation avant traitement gonadotoxique | Avant chimio-/radiothérapie | Anticiper ; solliciter un conseil spécialisé |
Quand consulter ?
- Absence de grossesse après 12 mois de rapports réguliers non protégés
- Premier résultat anormal ou azoospermie
- Facteurs de risque : varicocèle, cryptorchidie, chimio-/radiothérapie
- Douleur, gonflement ou signes d’infection
La prise en charge fondée sur les recommandations est détaillée dans la guideline EAU.
Idées reçues & faits
- Idée reçue : « Un seul spermogramme suffit toujours. » — Fait : les valeurs varient ; répéter à ~ 6 semaines améliore la fiabilité.
- Idée reçue : « Un bain chaud/sauna améliore la qualité. » — Fait : la chaleur réduit souvent la mobilité ; privilégier des vêtements frais et respirants.
- Idée reçue : « Plus de sport = plus de fertilité. » — Fait : l’activité modérée aide ; la surcharge et la chaleur peuvent nuire.
- Idée reçue : « Les compléments règlent tout. » — Fait : CoQ10, L-carnitine, etc., peuvent aider mais ne remplacent ni l’étiologie ni les changements de mode de vie.
- Idée reçue : « Plus l’abstinence est longue, meilleur est le résultat. » — Fait : 2–5 jours sont souvent optimaux ; des délais trop longs réduisent mobilité et vitalité.
- Idée reçue : « Les sous-vêtements serrés n’influencent pas. » — Fait : ils augmentent la température testiculaire ; les boxers amples sont souvent préférables.
- Idée reçue : « Un spermogramme normal garantit une grossesse. » — Fait : c’est une photo à l’instant T ; la fertilité dépend aussi du timing et de facteurs féminins.
- Idée reçue : « La morphologie doit être > 14 %. » — Fait : la référence OMS actuelle utilise ≥ 4 % de formes normales ; d’anciens seuils prêtent à confusion.
- Idée reçue : « De mauvaises valeurs restent mauvaises à vie. » — Fait : après infection/fièvre ou changements de vie, les paramètres s’améliorent souvent en ~ 3 mois.
- Idée reçue : « Un ordinateur portable sur les genoux est sans effet. » — Fait : les sources de chaleur directe élèvent la température testiculaire et peuvent altérer la qualité.
- Idée reçue : « Caféine/boosters donnent un coup de fouet immédiat. » — Fait : une consommation modérée est acceptable ; fortes doses, boissons énergétiques et manque de sommeil sont contre-productifs.
- Idée reçue : « La varicocèle nécessite toujours une chirurgie. » — Fait : utile dans des cas sélectionnés ; décision individuelle et guidée par les recommandations.
- Idée reçue : « La COVID-19 rend stérile de façon permanente. » — Fait : une dégradation transitoire est possible ; les valeurs se normalisent souvent en quelques mois.
- Idée reçue : « Le test de fragmentation de l’ADN est nécessaire pour tous. » — Fait : examen additionnel pour situations spécifiques (p. ex. fausses couches à répétition), pas un dépistage de routine.
Conclusion
Le spermogramme fournit un état des lieux clair. Les références OMS posent le cadre, mais la décision clinique repose sur l’ensemble : évolution, histoire et bilan de la partenaire. De nombreux facteurs sont modifiables : avec des attentes réalistes, une optimisation ciblée du mode de vie et, si besoin, la médecine de la reproduction, tu arriveras bien préparé·e à la consultation.

